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Poème à mon psychanalyste

13 Mars 2018

Pour cela il faudrait

Pour cela

Parler

Pour cela il faudrait

Saisir au vol l’image

 

À la mesure de…

Mais je n’en parlerais pas

Il faudrait

Oui c’est vrai

Il faudrait

Une personne imbibée de silence dans la pièce où nous nous trouvons

 

Il faudrait ce peu de bruit
Entre votre visage et mon visage

Il faudrait encore

Encore et encore

 

Il faudrait travailler le silence

Et aussi la flamme

Car vous dire ce poème vaut bien des vies

Un massacre entre mes lèvres je le redis

 

Pour cela il faudrait

Des certitudes

De loin en loin

Afin que l’ombre de votre bras droit

(Je suppose votre bras droit comme celui de la masturbation)

Afin que cette ombre disparaisse

Qu’il ne reste que le bras nu

Et qu’il se tienne sans que je ne le comprenne ni vous ni moi

Ni la personne silencieuse derrière nous

Et qu’il se tienne ce bras pour nous protéger

De l’ombre de toutes les autres objets

 

Oui il faudrait cela et cela et cela

Et l’adrénaline

Éclaire ce peu de bruit que je dis

Et ce peu d’agir

Ce peu

 

J’ai essayé

Mais j’y retourne souvent

Au lieu

Au lieu d’écrire ma sœur la vie

Au lieu où ma sœur la vie s’épuise

Dans ce cabinet sans ombres n’en doutons pas

Oui il faudrait

Une attention abstraite à toute chose

Dans le doute

Nous pourrions envisager le suicide

 

Nous deux

Pour le monde

Pour mes paroles serrées entre l’enclos de mes dents

Pour leur rendre hommage

Celles-là qui de leur cage n’ont jamais pu s’envoler

Comme une lionne dans une boite

Qui grogne et on en a pitié

 

La personne nous écoute

Je clos

Par maîtrise du retrait

Par ma langue morte

Le poème est l’élevé

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