Poème à mon psychanalyste
Pour cela il faudrait
Pour cela
Parler
Pour cela il faudrait
Saisir au vol l’image
À la mesure de…
Mais je n’en parlerais pas
Il faudrait
Oui c’est vrai
Il faudrait
Une personne imbibée de silence dans la pièce où nous nous trouvons
Il faudrait ce peu de bruit
Entre votre visage et mon visage
Il faudrait encore
Encore et encore
Il faudrait travailler le silence
Et aussi la flamme
Car vous dire ce poème vaut bien des vies
Un massacre entre mes lèvres je le redis
Pour cela il faudrait
Des certitudes
De loin en loin
Afin que l’ombre de votre bras droit
(Je suppose votre bras droit comme celui de la masturbation)
Afin que cette ombre disparaisse
Qu’il ne reste que le bras nu
Et qu’il se tienne sans que je ne le comprenne ni vous ni moi
Ni la personne silencieuse derrière nous
Et qu’il se tienne ce bras pour nous protéger
De l’ombre de toutes les autres objets
Oui il faudrait cela et cela et cela
Et l’adrénaline
Éclaire ce peu de bruit que je dis
Et ce peu d’agir
Ce peu
J’ai essayé
Mais j’y retourne souvent
Au lieu
Au lieu d’écrire ma sœur la vie
Au lieu où ma sœur la vie s’épuise
Dans ce cabinet sans ombres n’en doutons pas
Oui il faudrait
Une attention abstraite à toute chose
Dans le doute
Nous pourrions envisager le suicide
Nous deux
Pour le monde
Pour mes paroles serrées entre l’enclos de mes dents
Pour leur rendre hommage
Celles-là qui de leur cage n’ont jamais pu s’envoler
Comme une lionne dans une boite
Qui grogne et on en a pitié
La personne nous écoute
Je clos
Par maîtrise du retrait
Par ma langue morte
Le poème est l’élevé