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Espérer c’est dire ce que l’on veut
sans moyen de le dire
Réfléchi
Le langage bien formulé est la poésie qui résiste au langage bien formulé.
À Sarah
et c’est là précisément
là dans là
le coin du là
ton refus des peuples
j’arrache une dent à ton sexe
dans l’angle
des mots crachent éructent jettent du sel aux yeux de l’assassin
des exactement
des presque-là
rien de sinueux faire sinon toucher l’os derrière ta nuque
ce sens brut de ta nuque un poisson
qui brûle
des collages d’aliments dans mon oreille contemporaine
ta bouche une table
j’y mets alcool et couverts
puis nous mangeons l’infamie
la pierre
et son espace
le boucher a une idée qui lui échappe
alors qu’elle le creuse
le boucher te veut te tease te cogne jusqu’à la juste mesure
et l’on sait que l’on accède à l’indépendance par le rythme
diriger puis scier construire dans le champ vide
un ciel se vide
descend la violente remarque des mots
que je te rends pour que tu me regardes
encore une fois
dans le là de la crevaison de l’être
qui se distribue en un souffle
dans les moments accordés soufflés à l’oreille du boucher
dans l’il y a primordial
le là de toute chose
Le coin rouge
quelle différence primordiale
entre ce que je vois dans le miroir
et ce que je suis ?
le dilatement du temps
la largeur de l’espace
l'angle supposé savoir
sous ma poitrine
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« Toi qui a fait tant de mal à un homme simple
En éclatant de rire à la vue de sa souffrance
Ne te crois pas sauf
Car le poète se souvient »
/ Cseslaw Milosz /
Paranoïa
ne pas lire dans les yeux
s’échapper des yeux surtout ne pas lire
ne pas tenter de lire
car les yeux avant
toute préoccupation
ont, à mon sens, le tort
de ne pas être, apostat du regard catholique,
des regards
bien sûr il est préféré de différencier l’œil du regard
mais moi
j'y crois pas à cette variation philosophique
l’organe est la perception
le regard est le jugement
je mise sur l’hôtel à côté de chez moi
un hôtel de passe d’après Hibou
j’y vois des corps de prostituées
se faire malmener en ce trop beau,
mais certainement nécessaire et naturel allant des mâchoires
où la la fontaine paranoïaque n'a plus lieu d'être sinon échange antédiluvien
où vont et viennent les hommes
depuis la nuit étoilée
jusqu’au jour mature et nu
que reflète le ventre ballonné des femmes
collaboré
faire sien le regard
mais ne pas lire le regard de l’autre
surtout pas
il en va de la mort
de l’agnus dei
que nous sommes tous pour les ricanements
des grands juges de vérités
car notre existence se rend compte de sa plurielle déconfiture
lorsqu’on sent la matière mobile de notre sang
nous monter à la tête
Réfléchi explication du vers « Toute parole est lesbienne »
La grammaire française donne à bon titre, au mot parole, le féminin. Les paroles sont lesbiennes car elles n’acceptent pas de discours extérieur, de prétendant. Toute parole est irréductible à elle-même et la poésie par son autonomie en donne l’exacte mesure.
À Sarah
je vais te dire des mots
tu es venue de sous le soleil
et je m’adresse à toi
avec des mots pleins et ronds
je m’adresse à ta bouche à tes yeux à ton corps
tu es venue de sous la terre
je bêche la vie j’en retire la beauté
accepter la ficelle de sens
que tu me donnes avec ce café
c’est pour moi comme cristal et pourtant l’enfoui dans la pierre gardienne
dans leurs propres pétales de pierres
je les brise chaque jour
je te parle depuis un autre monde
je m’éveille chaque matin dans le lit chaud des possibles
et j’attends
j’attends
la remarque sur mes yeux cernés
la remarque sur mon squelette courbé
tu as l’ouïe
j’ai des mots
tu as tes mains
j’ai ce rendez vous
plions nous à la rencontre
une errance dans l’errance
le nom d’une île invisible
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je me suis
sans cavalier
une morsure dans la dent
j’imagine un lieu très pur
s’essayer à la lumière
mes pas fondent de la poésie
la poésie exercée
dis-moi le peu
répète encore l’Amérique
All that grace
All that beauty
une table sur l’océan
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tu fuis, tu veilles
quelque chose comme
une autre fuite en moi
une fuite d’aube ou de midi
j’en sais rien
mais ma langue est poétique
et quand reparaît
ce travail sur le silence et la flamme
ce travail consciencieux
ce travail des signes qu’on appelle poésie,
mes mains levées et pleines d’ombres
m’excluent dans le hasard que de t’écrire
car ce hasard c’est toi
quand reparaît cette extrême limite à moi-même
c’est qu’elle n’est pas sans point de départ
et pourtant nul ne connaît le point de chute
ni moi ni toi ni les images
et c’est tant mieux
sinon il ne resterait que des corps
ma langue est poétique
elle te siffle t’attrape
te tue te souffle
elle est un cadeau comme un autre
mais dans cette veille
dans cette entente à la fuite de ma langue
où tu fuis toi-même dans le poème
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