L'édredon
Ils sont beaux les pigeons avec une moitié de pate
Ils sont beaux les clodos avec une moitié de pate
Ils sont beaux les soldats avec une moitié de pate
Ils sont beaux les marins avec une moitié de pate
Ils sont beaux les poètes avec une moitié de pate
La petite souris
Dans la rue, je marche avec Guillaume vers le Luxembourg. Il fait chaud. C’est l’été. Nous sommes en 2027. Moi et Guillaume avons le même âge : 22 ans. Guillaume a une casquette de base-ball, un début de barbe, de grands yeux verts, un t-shirt blanc et un jogging. Pour ma part je suis entièrement en noir, de velours pour le bas et d’une veste coupée pile-poil à mes petites épaules The Kooples. Je suis mince et ne porte pas de lunettes de soleil.
Il y a beaucoup de monde dans la rue Vavin et les gens parlent tout seul avec des interlocuteur inconnus et interdits à notre attention. Au feu, de l’autre côté de la rue j’aperçois une fille en tailleur. On dirait une petite souris. Une belle petite souris. Elle est habillée en noir elle aussi. Élégante. Désirable. Elle me fixe des yeux. Elle jette des coups d’œil à Guillaume. Je comprends déjà…
Le feu piéton passe au vert et nous continuons de nous fixer des yeux jusqu’au croisement des épaules. Je retourne la tête puis une seconde plus tard elle retourne elle aussi la tête avec un sourire en coin.
Je ne dis rien à Guillaume, il faut agir vite.
Sur ma plaquette je lui envois un message. « Is i tokay for both of us?”, Elle répond par un simple “ yes” puis quelque seconde plus tard part un « Les toilettes nord du jardin du Luxembourg dans 15 minutes ».
J’explique la situation à Guillaume, qui le ravit même s’il n’a pu voir la créature, la description que je lui en fais lui sied.
Nous buvons vite un café au comptoir d’une brasserie puis nous engageons dans le jardin.
Nous trouvons le lieu-dit. Approchons et soudain une main vient m’arracher Guillaume. Je reste cois. J’attends. Dix minutes plus tard Guillaume sort en remontant la braguette, me fait un clin d’œil et me fait signe de rentrer. J’ouvre doucement la porte. Elle s’essuie avec du savon liquide la vulve, me regarde et sans un mot commence à m’embrasser. Elle me touche les couilles. Déboutonne mon velours noir et me fait une fellation. Nous entendons un cognement à la porte. Qu’importe. Ce qui a commencé doit être fini. Je la prends en levrette, elle les mains sur les cabinets, sa petite taille fait qu’elle monte haut la croupe, je la pénètre et jouis très vite. Elle s’essuie à nouveau et me fait signe, sans un mot mais d’un mouvement de tête de me tirer. Dehors un gros monsieur d’une soixantaine d’année rentre et ouvre grand les yeux sur la créature, elle sort sans nous adresser un mot, part vers le côté est du jardin. Guillaume vient vers moi. Nous sommes silencieux. Nous sortons du jardin du Luxembourg.
Heureux.
La chouette et les schlags
La chouette offre dans son envol au lecteur des parties basses inconnues mais possibles
Les hommes eux ne se soucient que des mots (la chouette aussi tu mdiras)
Mais lorsque les hommes seront d’accord sur le sens de chaque mot, la poésie n’aura plus sa raison d’être
Mais je reste sur le chouette de Minerve
Il existe des ponts où il y a des clochards qui vivent amoureux sans jamais avoir vu l’envol de nuit, d’une nuit sans fin. Est-ce trahir la philosophie que de dire ça ? La chouette de Minerve s’envole au crépuscule pour honorer la peinture des sensations organisées
Comme gowing je lis hopkins et blake le petit chien américain
Et j’avoue avoir des partitions faciles sous les yeux dont l’extrême pointe figure le détail, de la virgule là, de l’exécution des parodies de poésie exclutoire
On n’en finit jamais avec la fin d’un poème
Alors comme rosnay
La petite cédille dit à l’accent circonflexe
Je t’aime
Et pour te le prouver je fais un S
Avec un C
le soleil attend la langue du chien
et le sombre soleil
attendu par son chien
les obtentions
des obtentions
le soleil sur nous
attend son chien
attend la langue
pendue de son chien
comme le poème écrit
l’après midi dans l’après midi
du chien
attend son chien
et par la fenêtre
je vois un autre chien
plus petit
attend un chien
un autre soleil
et un cahier chien
les petites fautes commises
par le chien attendant
son maître
le soleil attend son chien
le poète attend et persiste
à attendre et respecte
l’attention que je lui porte
pourquoi ?
pour avoir la belle langue pendue
du chien
90 balais
Je faisais attention
A mourir dans un cercueil
Toute ma vie durant
Je faisais attention
À manger des bagels toute ma chienne de vie
Je faisais attention
A bien me positionner en position de missionnaire
Je faisais attention
A me curer le nez
Je faisais attention
Toute ma vie durant
A penser aux clopes
Et à les fumer
Tout en les pensant
Je faisais attention
À aller au musée d’orsay voir la naissance de vénus de cabanel encore plus belle que celle de boticelli
Je faisais attention à construire des murailles entre mes parents
Et moi
Je faisais attention à cracher par la fenêtre par ce que sur le plancher c’est dégueu
Je faisais attention à faire attention de faire attention
je faisais attention à regarder le rayon poésie contemporaine à tschann
je faisais attention à manger des glaces l’été pour m’hydrater
toute ma chienne de vie
je faisais attention à ma première ride
je faisais attention à être à la bonne place du bon père ce matin
Je me perdais en faisant attention à faire attention de faire attention
Tout ça pour crever dans le sol
Jaccottet et le petit Jésus
Il y aura toujours cette lame de lumière
Non pas que je veuille écrire comme Jaccottet
Mais quand même
Ya une lame
Ça j’en suis convaincu
Il y aura toujours une lumière
Et même si non là
Quand bien même dans le sel
Par le sel
Pour le sel
Dans les pates carbonara
De l’étier du mourir la lumière en lame
Inconnue
Vibreuse et charmante
Loin de tout cela
Du dîner chez mon père
Où l’on parlait de psychanalyse
En ne rigolant pas
Et où l’on parlait de cancer
En rigolant
Cette lame inconnue
Je suis entré
Je l’ai vu
Jésus
Il agitait ses mains
Il voulait avoir raison
Et lorsque je suis partie
Je l’ai regardé par derrière
Cloué
Comme une autre femme
Clouée
Devant lui
Priant
Alors j’ai pris mon vélo
J’ai fait marche arrière
Sur le porche
Et je les ai laissés
Faire
Ce qu’ils avaient à faire
Le bonsaï dans le placard blanc
j’ai parfois rêvé de ressembler à ça
puis j’ai arrêté
j’ai taillé le bonzaî (arbres enlacez-vous)
pour qu’enfin
une figure qui se meut
me regarde, elle qui par une beauté,
entretient la mort
de la poésie
dans son placard blanc
CARNE
l’exactitude planétaire
dans le creux du sourcil
se penche rose au tabac
pour mimer mes gestes
quand je me branle
l’extraction
de la pierre de folie
n’est qu’une simple
simplesque attentat
qui vole mes mains
dans l’explosion record
de l’espace
et du mouvement en celui-ci
comme un corbeau vole
là-bas
c’est ainsi…
Anoushka
Mais heureusement la vérité du corps n’est pas un être visible
Rare est l’apparence d’un avant du bois
Où l’on inscrivait sur l’écorce intérieure du
Bouleau
Des transmutations à
Chaque hiver à
Chaque automne à
Chaque printemps à
Chaque été cet avant du bois non encore effilé sur le bord du minuit
Par un moine ou un barbare
Un scribe ou un page
C’est le corps pur
Le corps avec sa compagne
L’ivresse verticale sous l’étoile
Est-ce clair ?
extraits du corps
adulte sa peau
nous voici verticaux
sous l’étoile
presque peaux
presque plages
presque sexes
presque chairs
plaie dépliée pour s’y faire
langue
tu souffles
tu piques
tu fais
la ruche est vivante
les mots
les mots déjà
faune
flore
presque dieux
est-ce clair ?